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The work that was presented in Montpellier, on November 19, 2019, as part of a workshop organized by the “Pôle foncier” and the Technical Committee “Land Tenure and Development”, is an important example of a convergence between the world of research and the world of development operators. The need for better conceptual tools has been expressed by development agents for the practical application of the commons approach to land and resources in development projects. To build these tools, the researchers from CIRAD (GREEN unite) involved in this work had to decipher the standard procedures of the French Development Agency (AFD) for their integration with possible options of operationalization of the land-based commons approach.
Once the constraints had been assessed, the various stakeholders showed that the most important challenge (for AFD staff, stakeholders and researchers) was to achieve social and ecological justice that makes sense for the direct and indirect beneficiaries of the projects. These justice issues make it possible to reveal social and ecological solidarity within the concerned territories. However, these solidarities constitute potential levers for the regulation of anthropogenic uses of the land and the resources.
Since the beginning of this work, the CIRAD team have taken an approach not to use “land” as a starting point, taking the commons of the land and the resources it contains as an analytical lens instead. This distinction makes it possible to consider space as the support for uses, and therefore direct the attention to them, beyond the modes of land appropriation. This emphasis shift is essential, because it opens up the possibility of recognizing the uses of non-human beings, and thus of questioning one’s place in their environment. This question is addressed both in relation to the conditions for meeting the needs of all living beings in the territories concerned by a development project, and in relation to the conditions necessary to secure local rights. In this context, social and ecological solidarities are associated with Communes as a potential factor for social innovation.
To think about this interweaving of life in the communities, we propose to mobilize the sciences of complexity through systemic thinking. The notion of complex system makes it possible to characterize action situations by relying in particular on the triptychs “user – activity – resource (located in space and time)” and “user groups – modalities for updating access rules – located resource” to delimit the system (and its subsystems according to the scale of intervention) by a functional approach. This structure makes it possible to highlight situations where the weak emergence and the strong emergence contribute to the production and application of rules of access to resources located by different users.
The operationalization of the commons approach to land and the resources it brings is therefore based on the opening, within development projects, of an institutional space conducive to the expression of the “common good” (negotiation arenas), and on appropriate support for the various user groups involved in achieving social and ecological justice in their respective territories. In concrete terms, it is reflected in development projects through the co-design of territorial projects and reflective monitoring and evaluation systems for users themselves.
Français
Le travail qui a été présenté à Montpellier dans le cadre d’un atelier organisé par le Pôle foncier et Comité technique “Foncier et développement” le 19.11.2019, est important et caractéristique d’un point de convergence entre le monde de la recherche et le monde des opérateurs de développement. Le besoin d’un meilleur outillage a été exprimé par les agents du développement pour appliquer l’approche par les communs de la terre et des ressources quelle porte de manière pratique dans les projets de développement. Pour construire ces outils, les chercheurs du CIRAD impliqués dans ce travail ont du décrypter les procédures standard de l’Agence Française de Développement (AFD) afin d’intégrer les contraintes de la structure dans l’opérationnalisation de l’approche.
Une fois les contraintes évaluées, les différents intervenants on montré que l’enjeu le plus important (pour les agents de l’AFD, les protagonistes, les chercheurs) est la réalisation d’une justice sociale et écologique qui fasse sens aux bénéficiaires directs et indirects des projets. Ces enjeux de justice permettent de révéler des solidarités sociale et écologique sur les territoires concernés. Or ces solidarités constituent des leviers potentiels pour la régulation des usages anthropiques de la terre et des ressources qu’elle porte.
Depuis le début de ce travail, nous avons décidé de ne pas entrer par le « foncier », mais bien sur les communs de la terre et des ressources qu’elle porte. Cette distinction permet de considérer l’espace comme le support des usages. Et donc focaliser l’attention sur ceux-ci, au delà des modes d’appropriation du sol. Ce glissement de point de vue est essentiel, car il ouvre la possibilité de reconnaître les usages des non humains, et de ce fait, d’interroger la place de l’homme dans son milieu. Cette interrogation est appréhendée tant vis à vis des conditions de satisfaction des besoins de l’ensemble des êtres vivant sur les territoires concernés par un projet de développement, que vis à vis des conditions nécessaires à la sécurisation des droits locaux. Dans ce contexte, les solidarités sociales et écologiques sont associées à des Communs comme facteur potentiel d’innovations sociales.
Pour penser cette imbrication des communautés de vie, nous proposons de mobiliser les sciences de la complexité au travers d’une pensée systémique. La notion de système complexe permet de caractériser les situations d’action en s’appuyant notamment sur les triptyques « usager – activité – ressource (située dans l’espace et le temps) » et « collectifs d’usagers – modalités de réactualisation des règles d’accès – ressource située » pour délimiter le système (et ses sous-systèmes en fonction de l’échelle d’intervention) par une approche fonctionnelle. Cette structure permet de mettre en lumière des situations ou l’émergence faible et l’émergence forte contribuent à la production et à l’application des règles d’accès aux ressources situées par différents usagers.
L’opérationnalisation de l’approche par les communs de la terre et des ressources qu’elle porte repose dans ces conditions sur l’ouverture, au sein des projets de développement, d’un espace institutionnel propice à l’expression du « faire commun » (arènes de négociation), et sur un accompagnement approprié des différents collectifs d’usagers parties prenantes à la réalisation de la justice sociale et écologique sur leurs territoires respectifs. Elle se traduit concrètement dans les projets de développement par la co-contruction de projets de territoires et de systèmes de suivi-évaluation réflexifs à destination des usagers eux-mêmes.